Bitcoin & énergie, Partie 2: Les avantages d'une consommation nomade
Le minage de Bitcoin a la particularité de pouvoir consommer l'énergie à sa source, et ceci comporte de nombreux avantages ...
Bonjour à tous,
Voici la deuxième partie de la série Bitcoin & Énergie, quatre articles consacrés à la consommation électrique du réseau Bitcoin.
Bonne lecture!
Partie 1 — Partie 3 — Partie 4
Click here for the English version
La première partie s’est concentrée sur le rôle essentiel de la consommation électrique pour la sécurité et le fonctionnement du Bitcoin. Nous nous sommes aussi rappelés la notion de mix énergétique, et l’absence de lien direct entre la quantité d’énergie consommée et l’impact sur l’environnement.
Ce deuxième article se penche sur un aspect très particulier de cette consommation électrique, et sur ses conséquences:
L’aspect nomade du minage
La consommation de “surplus” énergétique en priorité, permise par ce côté nomade
Une consommation nomade
Bitcoin consomme de l’énergie d’une façon très différente des acteurs de notre société. La consommation classique des industries, des moyens de transport, ou des êtres humains doit avoir lieu à des moments et à des endroits précis.
Pour ce faire, nous acheminons l’énergie de sa source jusqu’au lieu où elle devra être consommée, principalement sous forme d’électricité, de pétrole, ou de gaz.
Au contraire, le minage de Bitcoin et sa consommation énergétique sont totalement nomades: ils peuvent avoir lieu n’importe où sur la planète, sans contrainte géographique, aux endroits où l’énergie est disponible et peut être transformée en électricité. Le minage nécessite seulement une connexion internet pour utiliser le “produit” de cette consommation (le bitcoin miné).
Cela permet aux mineurs d’utiliser en priorité de l’énergie qui ne peut pas être acheminée sur les lieux de consommation de la société, c’est-à-dire de l’énergie inexploitée.
En plus d’être nomades, les mineurs de Bitcoin peuvent être délocalisés vers de nouvelles sources d’énergie très facilement.
Unique coût variable: le prix de l’électricité
Un autre aspect important du minage est sa structure de coût. L’unique coût variable d’un mineur réside dans le prix de son électricité. Le minage n’est financièrement soutenable qu’à condition d’avoir accès à une énergie bon marché. Qui plus est, le minage est une activité très compétitive. Avoir accès à une énergie plus chère que le concurrent est un désavantage trop important pour être soutenable.
Par exemple, avec la récente baisse du cours du bitcoin, le revenu en dollars des mineurs baissent, au point que ceux qui payent leur électricité trop chère doivent fermer boutique.
Pour résumer, les mineurs de Bitcoin:
sont nomades: ils peuvent consommer de l’énergie partout où elle se trouve, et notamment à sa source
leur principale contrainte est le coût de leur électricité
Comme nous allons le découvrir, ces deux aspects poussent les mineurs à se diriger principalement vers des sources d’énergie renouvelables, qui sont souvent caractérisés par des déséquilibres entre l’offre d’énergie et la demande humaine.
Consommation de “surplus” d’énergie avant tout
Nous savons maintenant que tout mineur de Bitcoin cherche, n’importe où sur la planète, l’énergie au plus bas coût. Or il se trouve que les humains et leurs activités doivent consommer de l’énergie localement. N’y aurait-il pas certains endroits où l’énergie disponible est supérieure à la consommation locale?
C’est en effet le cas. On estime à deux tiers la perte d’énergie entre sa production brute et sa consommation finale à travers le monde. Cette différence provient des contraintes physiques de la génération et de la transmission d’électricité*, mais aussi de notre incapacité à exploiter, stocker, et distribuer efficacement toute l’énergie disponible. À cela, il faut rajouter beaucoup de sources d’énergie renouvelable encore inexploitées, principalement en raison de leurs situations géographiques reculées.
Nous avons souligné qu’il y a, d’une part, un “surplus” de production énergétique, et, de l’autre, une grande quantité d’énergie encore inexploitée à cause de divers contraintes. Or, contrairement à la plupart des consommations, les mineurs peuvent s’installer n’importe où. Leur principal objectif étant de minimiser le prix de leur électricité, il est naturel de voir ces mineurs de Bitcoin se diriger en priorité vers ces lieux de déséquilibres entre l’offre et la demande. Ces situations apparaissent majoritairement sur des sources renouvelables qui sont plus reculées (hydraulique, géothermique), dans la mesure où le stockage et la distribution de leur production est plus compliquée.
Il est important de retenir que les mineurs de Bitcoin auront toujours avantage à consommer un surplus d’énergie inexploitée, plutôt que de développer une nouvelle production d’énergie à coût plus élevé.
En fait, partout où le réseau de distribution électrique est au point, comme en France, miner du Bitcoin n’est rentable que dans certains cas très précis, à cause du bon équilibre entre production et consommation.
*Dans tout réseau électrique, la quantité d’électricité injectée doit être égal à ce qui en sort. C’est pourquoi la quantité d’électricité dans le réseau doit être contrôlée en temps réel et limitée par les variations de consommation. Malheureusement les batteries ne sont pas assez performantes pour pallier à ce problème. Voilà un cas où le Bitcoin peut apporter une aide au réseau, en agissant comme une demande plancher et en lissant le coût de production moyen du réseau.
Exemples
Centrale hydraulique sans demande locale
Prenons l’exemple d’un barrage hydraulique. Si une centrale produit 100 MW et que la consommation et le stockage disponible sont de 80MW, cette centrale va limiter sa production à 80MW. Il y aura donc bien un “surplus” d’énergie disponible. C’est ce type d’électricité, peu chère et sans impact sur l’environnement qu’un mineur se dirigera naturellement en premier.
Gaz de torchère
En extrayant du pétrole ou du gaz du sol, une énorme quantité de gaz inexploitable (principalement du méthane) s’échappe. Ce gaz est très polluant, et la façon principale de s’en débarrasser aujourd’hui est de le brûler pour le transformer en CO2, qui est 20 fois moins polluant. Celui-ci est rejeté dans l’atmosphère, et 100% de l’énergie de la combustion est perdue. On estime que 30% de la consommation annuelle Européenne de gaz est gâchée chaque année de cette façon.
Dans beaucoup de cas, le méthane n’est même pas brûlé à cause du coût trop élevé de l’opération.
Aux États-Unis, un grand nombre de producteurs de gaz et de pétrole ont réalisé l’opportunité financière et environnementale que le minage de Bitcoin pouvait représenter en consommant cette énergie gâchée, donc presque gratuite. Ils ont donc commencé à miner du Bitcoin, en transformant la chaleur liée à la combustion du méthane en électricité.
Ceci a pour effet d’encourager la combustion de méthane en CO2 sur tous ces sites, réduisant significativement leur impact sur l’environnement.
Conclusion
En raison de différents types de contraintes, il existe de nombreux "excédents" d'énergie sur la planète.
L'aspect délocalisé du minage de Bitcoin le rend parfaitement adapté pour consommer ce surplus. Son besoin en électricité bon marché le pousse naturellement vers les sources qui présentent un déséquilibre entre l'offre et la demande. En consommant en priorité cette énergie « qui fuit », les mineurs ont en fait un impact très limité sur l'environnement malgré la taille de leur consommation.
Dans la prochaine partie, nous verrons comment ces caractéristiques propres au minage de Bitcoin lui permettent d’aller plus loin, en aidant au développement de projets renouvelables.
Sources et ressources:
Energy “surplus”:
Energy waste:
Bitcoin mining on surplus:
Bitcoin mining as a generator for the grid: